Clara a obtenu son Bac Professionnel SMR (Services en Milieu Rural) à la MFR de Saint Sauveur Lendelin en juin 2010. Depuis septembre 2014 à ce jour, elle est employée en tant que "Teacher assistant" à Calthorpe School Birmingham (GB).
MGA : Clara, peux tu nous expliquer ton parcours depuis que tu as quitté la MFR?
Clara : Durant mon année de Terminale à la MFR, j'ai passé le concours de l'Institut de Formation en Soins Infirmiers (IFSI) de Cherbourg. Mon projet depuis le BEP était de faire des études pour devenir infirmière.
Après avoir obtenu mon BAC en juin 2010, j'ai appris, en juillet, que j'avais réussi le concours et que je commençais mes trois années d'études au mois de septembre qui suivait !
Après trois ans de formation, je suis sortie en juillet 2013 avec le diplôme d'état d'infirmière en poche. J'avais déjà, à cette époque, envie de partir travailler à l'étranger. Voyant les choses en grand et voulant partir en Amérique ou en Australie, je me suis d'abord tournée vers des agences de jeune fille au pair. Je me suis rendue à une réunion d'information à Paris, réunion qui était obligatoire pour commencer l'inscription au programme.
Et là, ça a été la remise en question. Je me suis retrouvée avec des filles beaucoup plus jeunes, sans aucune expérience. La femme de l'agence répondait à des questions du genre :
« Pourquoi ma carte vitale ne marchera pas aux US ? »
« On a vraiment besoin d'un passeport ? »
« C'est quoi un VISA, c'est comme le passeport ? »
« Qu'est-ce qu'il faut mettre dans ses valises ? » …
L'agence s'adressait à nous comme à des « enfants », ce qui était normal vu la moyenne d'âge des filles qui se présentent à ce genre de programme. Mais moi, j'avais 23 ans, j'étais infirmière diplômée et je n'avais pas envie qu'on me prenne par la main dans mon projet et que l'on me dise quoi faire, comment, et quand...
J'ai alors ensuite cherché à partir seule, sans agence, en trouvant une famille d'accueil sur internet. J'ai aussi lu beaucoup, beaucoup de témoignages...
De cette façon, je me suis vite rendue compte que ce qui m'attendait en tant que jeune fille au pair n'était peut-être pas le mieux que je pouvais espérer. Les jeunes filles sont employées pour s'occuper des enfants, mais aussi de la maison (vaisselle, linge, ménage...) et certaines vivent de très mauvaises expériences dans des familles qui abusent de leur bonne volonté.
Je me suis alors tournée vers mes (anciens) formateurs de la MFR. J'étais partie lors de mon année de Première Bac Pro en stage à Birmingham en Angleterre, à Calthorpe School. Je savais qu'ils embauchaient régulièrement des anciens élèves. Monsieur Marignier m'a tout de suite mis en relation avec un contact sur place.
Puis, comme en bonne normande (rire), j'ai finalement changé d'avis et tout abandonné, pour commencer à travailler en tant que jeune diplômée. Je pense que ce n'était tout simplement pas le bon moment. Je venais d'avoir mon diplôme et je me devais de travailler en tant qu'infirmière, comme pour concrétiser ces trois ans d'études.
Après avoir travaillé un an en tant qu'infirmière, j'avais toujours cette envie d'ailleurs, cette idée étant plus mûre que jamais.
C'est alors que, finalement, j'ai -ré - contacté les formateurs de la MFR, puis postulé pour travailler à Calthorpe School dès le septembre qui suivait. 3 mois après, j'étais partie direction une nouvelle vie chez nos voisins les Anglais !!!
MGA : Clara, quelle a été ta motivation pour partir travailler en Angleterre ?
Clara : Ma première motivation à partir travailler dans un pays anglophone était d'apprendre l'anglais. J'ai toujours aimé voyager, et vraiment, par expérience, voyager sans parler anglais, bah ... ce n'est pas « vraiment » voyager !
J'ai également dans mes projets de partir travailler en tant qu'infirmière dans le cadre de « missions humanitaires ». J'ai eu l'occasion de travailler un mois dans un dispensaire au Sénégal et c'était une expérience juste INOUBLIABLE !!! Je voudrais partir avec « Médecins sans frontières », pour intervenir dans des pays en crise : en état de guerre ou encore ravagés par des catastrophes naturelles.
Mais voilà, les critères de recrutement sont stricts: il est nécessaire de parler couramment anglais en plus d'avoir de l’expérience dans des services dits « techniques », d'urgences ou de réanimation ...
J'ai 40 ans de carrière qui m'attendent, l’expérience je l'aurai forcément. Si je veux apprendre l'anglais, c'est maintenant ou jamais.
Ma deuxième motivation était de partir à la découverte d'un autre pays, de sa culture, son histoire ... vivre de belles expériences en faisant de nouvelles rencontres et de revenir (ou pas) différente !
MGA : Qu’est-ce qui t a marqué le plus a ton arrivée en Angleterre ?
Clara : Je ne sais pas vraiment si quelque chose m'a vraiment marqué à mon arrivée. Peut-être le fait que les anglais conduisent du « mauvais » côté de la route! Dés mon arrivée à l'aéroport, j'ai essayé de monter dans la voiture de mon chauffeur du coté gauche ... jusqu’à que je comprenne que c'était le côté du volant ...
MGA : Et la nourriture en Angleterre ... ?
Clara : Bon, on ne va pas tourner autour du pot. La nourriture en Angleterre n'est pas pareille qu'en France. Je dirais qu'ils se rapprochent plus de la nourriture américaine que nous. Saucisses bizarres, jambon étrange, nourriture en boîte non identifiée flottant dans une sauce autant salée que sucrée ... J'exagère peut-être un peu, mais il est vrai que leur cuisine n'est pas aussi « raffinée » que la nôtre. J'ai eu l'occasion de manger des repas typiques anglais, c'est plutôt bon, mais je préféré les petits plats normands de ma maman :)
MGA : Qu’est qui te manque le plus ?
Clara : Hum, ... mon petit chat qui était en garde chez ma mère en attendant mon retour et que mon frère a perdu ...
Plus sérieusement, ce sont évidemment et surtout la famille et les amis qui manquent !!! C'est parfois très difficile à gérer. Mais, on sait pourquoi on est là, on a choisi de partir vivre à l'étranger alors on prend sur soi.
MGA : En fait, peux tu me dire en quoi consiste ton travail?
Clara : Je travaille dans une école pour enfants en situation de handicap. Je suis dans la plus grande classe de l'école, qui accueille 30 enfants de 3 à 7 ans. La plupart de ces enfants sont atteints d'autisme, mais il y a aussi d'autres atteintes comme le syndrome de Down ou autres maladies génétiques ou d'importants retards de développement.
Travaillant avec le groupe d'enfants ayant un handicap plus sévère, mon travail consiste à accompagner quotidiennement ces enfants vers une autonomie des gestes de la vie courante. Nous adaptons les objectifs d'apprentissages selon chaque enfant. Cela peut donc être apprendre à se laver les dents, se nourrir seul, rester assis, se lever à la demande d'un adulte ...
Ces apprentissages de la vie passent par de nombreuses activités sensorielles.
« Rien n'arrive à l'intelligence qui soit d'abord passé par les sens. » St-Thomas D'Aquin.
En effet, surtout chez l'enfant autiste, il est important que l'enfant puisse découvrir son corps en développant ses facultés sensorielles et motrices. En étant plus réceptif aux sensations que lui procure le monde qui l'entoure, l'enfant pourra alors plus facilement s'ouvrir à cet univers et sera plus entrain à communiquer. (C'est un résumé très court, mais le principal y est).
La communication est en effet la principale difficulté qu'ont les enfants autistes. Par le biais de ces activités sensorielles et par diverses techniques d'apprentissage, nous arrivons parfois à de réels progrès avec des enfants qui commencent à échanger avec l'adulte.
MGA : Comment as-tu réussi à communiquer ... in english ?
Clara : Je préfère même ne pas trop me souvenir de mes débuts en anglais ... Il y a eu des situations assez cocasses où il y avait parfois un gros quiproquo entre moi et mon interlocuteur, ou des dialogues « de sourds ». Du genre, on ne me comprend pas, je ne comprends pas, mais on communique quand même !
MGA : Clara, merci beaucoup d’avoir accepté de participer à cette interview et d’avoir partagé ton expérience. Nous te souhaitons bonne continuation en Angleterre et nous nous réjouissons d’avance de te revoir à Birmingham ou à Saint Sauveur Lendelin !
Propos recueillis en juin 2015 par Monika Gunz-Arnaud - MFR Saint Sauveur Lendelin